Mon Transsibérien



Le transsibérien, késako ?

Beaucoup de fantasmes entourent ce nom, beaucoup d’idées, de confusions parfois (avec l’orient express par exemple)… et surtout beaucoup de rêve…

C’est 15 jours après avoir quitté la Russie que je termine ce post rédigé au fur et à mesure et c’est avec délice que je me replonge dans ces souvenirs. Car y’a pas, le transsibérien est une expérience « à part ». Voilà pourquoi avant de continuer vers l’Asie où je suis maintenant, je souhaitais partager avec vous « mon transsibérien » et que vous puissiez avoir une idée plus précise de ce qu’il en est ! Alors, en voiture… SIMONE ;)

Alors avant tout tordons le coup à cette idée qu’il existerait UN seul train « le transsibérien » pour faire Moscou-Vladivostok. En fait, le transsibérien n’est pas un train mais une voie ferrée !  Cette voie légendaire a été construite sur plusieurs décennies entre la fin du 19ème siècle et le début du 20ème siècle. Prenant exemple sur le transcontinental canadien,  le Tsar Alexandre III souhaitait ainsi développer l’économie de la Sibérie, appuyer la flotte russe du Pacifique et augmenter l'influence commerciale politique et militaire de la Russie en Chine. La construction de cet édifice fut particulièrement ardue du fait du climat mais aussi des obstacles naturels à traverser. Elle fut construite sur plusieurs périodes et le dernier tronçon permettant de rejoindre Vladivostok fut achevé en 1916.




 Celle-ci, longue de 9288km, relie Moscou à Vladivostok et est empruntée par de nombreux trains de marchandises et de voyageurs. Pour cette dernière catégorie, le choix est large. Il va du train haut de gamme quasi vide (comme le Baikal N°10 ou d’autres à « patronyme » !) au train plus vétuste mais bien plus chaleureux. Dans chaque train il y a comme en France plusieurs classes : la première constituée de compartiments pour deux personnes, la seconde où l'on trouve des compartiments fermés pour 4 et la troisième classe (la moins chère que j'ai prise à chaque fois) où tout le monde dort dans un même wagon et qui s'appelle la "Platzkart".






Lorsque je suis montée pour la première fois dans le train à Saint-Pétersbourg j’appréhendais la promiscuité décrite par nombre de voyageurs qui avaient fait l'expérience de cette classe populaire, mais je fus agréablement surprise ! Imaginez : 36 personnes dans un même wagon sans séparation ! En France ça ne serait tout simplement pas envisageable. Cela tournerait au pugilat au bout de la première journée de cohabitation. Mais en Russie, les gens savent « vivre ensemble » et sont extrêmement respectueux. Aussi lorsque l'on veut par exemple grignoter quelque chose, tout le monde vous fait de la place et vous prie de vous installer autour de la petite tablette que l'on partage.

la Platzkart




la petite tablette qu'on partage... et ma tasse !!

Je craignais également que mes bagages ne soient pas en sécurité à bord de ce train, notamment la nuit, mais il n’en est rien ! Dans chaque wagon les uns font globalement attention aux autres et la provodnista est la garante de cette paix sociale ! C’est elle qui pendant tout le voyage nettoie le wagon et ses toilettes, contrôle les billets, rempli le samovar lorsque l’eau vient à manquer, donne les draps, et peut dépanner moyennant finances d’un en-cas ou boissons pour ceux qui ne peuvent attendre le prochain arrêt. Ces employées passent des jours et des jours dans ces trains. Parfois on peut les voir passer en tenue décontractée ce qui tranche avec l’uniforme qu’elles endossent systématiquement lorsque le train s’arrête et qu’elles se postent sur le quai à l’entrée de chaque wagon.  En Russie, il y’a autant de personnalités chez ces « maitresses de wagon » qu’il y a de marques de Vodka ! Pour ma part j’ai eu plus de provodnista attentive et cordiales mais la « best » j’ai tenu à vous la présenter et par chance le BIG boss du train passait au moment de la photo, alors en exclusivité pour Passmontour ils ont accepté la pose !!



Dans ce genre de train l’on se met très vite à l’aise après avoir trouvé sa place. A quoi l’on reconnait les habitués ? C’est simple, les premiers qui enfilent caleçon confortable, tee-shirt et chaussons sont ceux qui ont déjà été intronisés ! Une fois que le train démarre la « vie à bord du transsibérien » commence…

Celle-ci répond d’abord aux besoins primaires : tout le monde dors beaucoup, mange plus que nécessaire  (ça tue le temps !), et boit sans modération (certains bière et vodka mais majoritairement c’est plutôt  jus ou thé grâce au fameux samovar qui fournit de l’eau bouillante, voir la photo !)




un Samovar (tout neuf celui-là) Point de ralliement où l'on vient se servir en eau bouillante pour le thé, les nouilles lyophilisées ou la purée
Durant ces longues heures, la lecture occupe une place importante. La plupart des gens parcourent journaux et magazines. Pour certains, c’est « Crimes et Châtiments » de Dostoievski ( j’vous laisse deviner qui !!) tandis que d’autres tentent de finir leurs mots croisés.




Les discussions avec les voisins de « chambrée » font également partie intégrante du voyage ainsi que le partage de nourriture. Ayant choisi la troisième classe et les trains les moins chers, je n’ai rencontré aucun touriste à bord du transsibérien. Les russes croisés à bord de ces trains parlaient très rarement anglais aussi les échanges étaient chaleureux mais souvent brefs. Ce qui n’était finalement pas pour me déplaire car j’ai eu ainsi tout le loisir de lire, rêver, réfléchir ou juste ne rien faire et regarder la vie des autres… un de mes passe-temps favoris !




Le rythme de ce genre de voyage est surtout marqué par les arrêts du train dans les différentes gares qu’il traverse (parait qu’en tout, il en traverse pas moins de 990 de Moscou à Vladivostok ! Mais je ne les ai pas toutes vu ;). Lorsque la nourriture commence à manquer ou que l’atmosphère restreinte du wagon devient pesante, ces breaks sont vécus comme une délivrance et l’on se retrouve à faire la queue pour sortir du train et pour acheter quelque chose qui nous fait de l’œil… Mais toujours en chaussons, c’est le dress-code ! Au début de mon voyage il y avait peu de ces stands installés précairement sur les quais par les habitants du coin mais plus on s’éloigne de Moscou, plus ils sont nombreux et variés. Difficile de ne pas céder à la tentation du péléméni, patates cuisinées, choux râpé ou autres délices russes même lorsque comme moi l’on sait qu’on prend un gros risque d’indigestion vu les conditions précaires de ventes et de transport ! Mais le cuisine russe est tellement bonne !

tous en claquettes !!


Petits stands installés à la va vite sur les quais

Autre point de restauration... un peu cher mais tellement bienvenu



A chaque arrêt des techniciens remontent ainsi le train en tapant avec un petit marteau sur les rouages des roues !!!

Pour ce qui est des paysages qu'on traverse, ils sont dans l’ensemble assez monotones, composés essentiellement de vastes forets ou d'infinies plaines. Heureusement, l’automne et le soleil (quand il était là) illuminaient la moindre petite maison de campagne russe (Datcha), rivière ou forêt traversées.


















A cette période de l’année l’on peut découvrir les différentes personnalités des arbres installés en Sibérie : certains sont sans gênes et ont déjà totalement quitté leur parure, faisant rougir de honte d’autres plus prudes. D’autres enfin restent stoïques devant cette scène habituelle et conserve fièrement leurs épines vertes !!


 


Certains comparent cette traversée de la Russie à une traversée maritime et je dois avouer qu’il y a un peu de ça (enfin j’imagine car je n’ai jamais pris la mer des jours durant !).
En tous cas, dans le transsibérien l'on a très vite l’impression de ne plus toucher terre. Après le premier jour passé dans le train, on est comme happé dans un autre monde et on décroche complétement d’avec celui duquel on vient. C’est un voyage très apaisant, qui force à se poser, à réfléchir, qui laisse le temps au rêve, aux rencontres, aux silences, au partage. Un très beau voyage… qui demande certes de l’énergie, de la patience et parfois une dose d’abnégation mais on n’a rien sans rien !!

Dans le super train "Baikal" N°10, le plus propre des trains emprunté où la Provodnista aimable comme une porte de prison mettait la radio grésillante à fond dans le wagon (une horreur !)

J'ai rencontré des voyageurs qui avaient choisi de relier Moscou à Vladivostok d’une traite, parcourant ainsi 9288 km de traversée du pays en 7 jours. Je suis heureuse d’avoir choisi de faire différemment car pour moi, ce qui fait tout le charme de ce voyage, c’est justement de descendre du train et d’aller voir quels sont les habitants, les coutumes, les paysages qui composent cette si vaste et si méconnue Sibérie. 

Arrivée à 6h du mat' à la gare de Vladivostok le 11 octobre... I DID IT ;))

Les villes traversées sont nombreuses et il faut choisir ses « escales » avant même d’acheter les billets, c’est le seul moyen pour s’arrêter ! En fonction des rencontres, des conseils et un peu au hasard j’ai opté pour les villes de Kazan (où je suis restée du 24 au 27 septembre), Krasnoyarsk (du 30 au 2 octobre), Irkutsk (où je suis allée sur l’île d’Olkhon- lac Baikal du 3 au 7 octobre), Oulan Oude (juste la nuit du 7 octobre) pour arriver le 11 octobre à Vladivostok (après 3jours et demi non-stop dans le train ce qui a été mon plus long parcours sans arrêt ! ) – voir les prédédents post pour Kazan, Krasnoyarsk et le lac Baikal.

Je n’ai pas fait le plus classique des circuits, du coup je n’aurai par exemple pas vu Ekaterinoburg la ville où fut assassiné le dernier Tsar de Russie en 1918 ; je n’aurai pas vu non plus les maisons décembristes d’Irkustsk (y étant resté trop peu !), ni fait de balade à cheval dans les terres bouriates près d’Oulan Oude. 

Mais, mais, mais… j’ai rencontré les gens les plus extraordinaires de Russie, vu des ciels qui se sont imprimés en moi pour toujours et j’ai découvert une Sibérie pleine de contrastes : beaucoup plus peuplée que je ne l’imaginais mais gardant encore des petits paradis quasi vierges comme l’île d’Olkhon. Un mois pour ce voyage ce n’est pas assez, 3 mois c’est parfait ! Je reviendrai, je le sais car j’ai trouvé ici une seconde famille, une terre d’adoption, une chaleur humaine incomparable et des trains où la vie s’écoule lentement telle la sève des érables…  Envie de re goûter à ce nectar si puissant qu’est la Russie et sa Sibérie… 




Et vous vous y aller quand ?! En attendant embarquez pour 7 minutes de transsibérien grâce à cette petite vidéo où les paysages défilent au son de votre choix (musique russe ou lecture d’un passage de Guerre et Paix ?!! à vous de choisir !) http://www.google.ru/intl/ru/landing/transsib/en.html

Moi je poursuis ma route au Japon où je viens d’arriver après une première étape en Corée du Sud… Je fais mes premiers pas en Asie sous un soleil radieux et des érables qui roussissent à mesure que je les regarde… MAGIQUES ;)

Commentaires

  1. Qui aurair pu imaginer qu'un petit bout de chou né dans le 93, de souche parisienne et bretonne, aurait fait un tel voyage et dans de telles conditions, toi qui n'avait peut-être connu que le camping dans tes pires moments. A nouveau, quel beau récit pour ce voyage en transsibérien.
    Merci de penser à nous. Continue, c'est extraordinaire.

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  2. Ça doit sentir bon là-dedans tiens, LOL!

    Les photos 6 et 10 ça fait très couchettes de sous-marin. Et en fait au lieu de prendre l'air sur le pont que le navire est en surface, là tu prends l'air sur le quai avant de rembarquer.

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  3. Ce récit a beaucoup d'intérêt car il me plonge dans un autre monde. Je suis certes encore dans l'univers de la Gare et des trains, à cause de l'expo NOCTIGARE, mais tu réussis à me faire rêver et j'ai même envie de partir...Tu vois dans quel état tu me mets Céline ?
    Continue et profite de savourer ces impressions, ces rencontres, c'est fantastique !
    Véronique

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  4. Voici une fille!
    Oui, oui, continuer à avancer aussi lentement Céline, parce que ce voyage est long et il faut aller à pied ... hâte d'entendre des histoires sur l'Asie et le Japon
    J'envie
    Elena - RUSSIE prisonnier ;-)( temporaires))
    bisou bisou

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  5. Tu nous transportes au bout du monde, tu nous donnes envie de partir, envie de découvrir le monde, de quitter les quatre murs pour aller vers l'inconnu, les surprises, les autres...
    Donne des nouvelles, je suis impatiente !!!
    t'embrasse bien chaleureusement

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  6. ma Célinou, je pense à toi!!!! demain on se fera toutes tes photos et vidéos at home avec stef et mathilde; tu dois etre au japon...des bisous par millier.véro:-)

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  7. Coucou a tous et merci pour vos chaleureux commentaires! Je fais de mon mieux pour continuer a vous embarquer avec moi sur les routes du monde mais les rencontres se font de plus en plus frequentes et du coup il devient plus dur de tenir ce blog a jour. Juste pour vous dire que je "planche" en ce moment sur le post de la Coree du Sud, que je suis encore au Japon pour quelques jours et que je rejoindrai Pekin le 25 novembre pour un voyage de trois semaines entre Pekin et Taiwan. Fetes de fin d annees prevues entre Kuala Lumpur et Bali! Avis a ceux qui voudraient m'rejoindre... prenez vos billets, plus on est fou moins y a d'riz ! gros gros bisous Nippons. Celine

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  8. coucou CELINOU, ce soir on a pensé à toi en mangeant du chicken tikka massala que Stef avait cuisiné pendant que j étais chez le dentiste!!!! Jean-marc, le parrain de Mathilde, et Isa ma copine EJE des Lilas, sont venus nous rejoindre; tu nous as fait rèver un peu à de lointaines contrées qui nous changent d Aubervilliers, Saint denis ou Pierrefite! comme on aimerait te rejoindre à Bali pour Noel :-)... mais on a pas de prime du CG pour payer l avion, et le pass Navigo ne marche pas pour les destinations de l Est extrème! Aurais-tu été chez le coiffeur en Sibèrie, Mathilde trouve tes cheveux encore bien courts...? ON T EMBRASSE bien Fort ma Belle Céline. à très vite!

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  9. Bonjour,
    Juste un petit mot pour te dire que j'ai pris plaisir à découvrir ton blog et ton article sur le transsibérien. En pleine préparation d'une année de voyage à partir de juin, j'ai été touchée par la présentation de ton blog, me posant moi-même des questions sur "quoi partager ?", "comment? en anglais ? en français ? pour qui ?", ou encore "arriverai-je à être sincère?". Voilà, j'ai trouvé ton ton très juste. Et je tenais juste à te le faire partager ! Bon voyage ! Marie

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  10. Merci beaucoup Marie. J'aime savoir que mon blog participe à la preparation de ton voyage ! Si jamais tu as des questions précises auxquelles tu ne trouve pas de réponse sur le net concernant les pays que j'ai traversés, n'hésite pas à m'envoyer un mail (en ouvrant ma fiche contact blogspot tu peux m'envoyer un mail)
    Reve bien pendant ces quelques mois qui te reste avant le départ... tu va voir, en vrai c'est encore mieux et surtout super facile ! bises. Celine

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