Le Lac Baikal m'a envouté



Arrivée à Irkusk le 3 octobre 2011 j’ai pris le jour même un taxi collectif pour rejoindre l’île d’Olkhon, située à environ 250km sur la rive ouest du lac Baikal et j’y ai passé 3 nuits.

La ville d’Irkutsk est le passage quasi obligé de tout voyage en Transsibérien, à part pour les fadas qui se font Moscou-Vladivostok en 7 jours sans arrêts (sisi ça existe et j’en ai même rencontré !). Mais franchement, comme je leur ai dit, ils ont raté une des merveilles de notre planète et c’est bien dommage de passer à ce point à côté ! Moi j’avais du temps avant que mon visa n’expire alors j’ai tenté l’expérience « Baikal » et suis restée quelques nuits à proximité.

Lorsqu’on arrive à Irkutsk on n’est pas encore sur les rives du lac, or quand on descend du train on n’a que ça en tête ! Bah oui quand on sait que c’est le lac le plus ancien du monde, le plus profond (plus de 1600m de profondeur) et le plus pur, qu’il contient à lui seul 20% des réserves d’eau douce et que c’est un des centres énergétiques de notre planète… ça rend curieux et ça donne envie d’aller le voir de plus près !




Plusieurs voyageurs rencontrés auparavant m’ayant vanté la beauté de l’île OLKHON, j’ai donc pris sa direction à bord d’un martchouka (taxi collectif russe) où deux nanas d’Allemagne avaient déjà pris place. Après la première heure de route l’on comprend vite pourquoi tous les pares brises de la région sont fendus de part en part… ici plus de routes mais des pistes chaotiques que les chauffeurs empruntent à vive allure au son entrainant de tubes russes qui passent sur leur radio ! Avec mes compagnes de routes on se demandait pourquoi  l’habitacle du taxi était tout de cuir matelassé, sont malins ces taxi-drivers !

Après la 4ème heure le taxi s’arrête et l’on se retrouve enfin se les rives du majestueux lac Baikal d’où l’on attend l’arrivée du bac qui va nous permettre de rejoindre l’île d’Olkon. Une petite gargotte nous permet de nous hydrater et de nous restaurer « sur le pouce ». Ici comme partout en Russie, la mode est au beignet  farci de pomme de terre, de choux ou de viande… pas mauvais bien qu’un peu gras cette fois ci !


traversée du bac et premières impressions de l'île d'Olkhon qui apparait en face


Avant d’arriver j’avais  longtemps hésité sur le mode d’hébergement. Sur cette île la plupart des touristes étrangers se retrouvent à la pension NIKITA qui pratique des prix un peu trop élevés à mon goût. Pour autant, je m’étais résolu à m’y rendre ne voyant pas d’autres alternatives. 

C’était sans compter sur la chance !! En effet, mes hôtes de Kazan avaient entendu parler d’un couchsurfer original habitant sur cette île ! Je n’avais même pas regardé car je n’imaginais pas trouver quelqu’un de la communauté dans ce tout petit village et pourtant Serguei est l’incarnation même de l’esprit Couchsurfing ! Installé dans ce village avec sa famille après avoir roulé sa bosse en Europe, il s’occupe maintenant de la petite église orthodoxe du village qu’il continue de décorer et dont il prend soin. Derrière l’église se trouve deux bâtiments. Dans l’un Serguei habite avec sa femme et ses enfants ; il a construit l’autre récemment aidé par de courageux couchsurfers de passage et c’est maintenant la « maison des couchsurfers » que ceux-ci peuvent continuer d’aménager et de construire en fonction de leurs compétences ! Une pièce sans prétention de laquelle se dégage pourtant une chaleur humaine hors du commun.

centre ville de Kouijir, la principale ville de l'ïle d'Olkhon ! Un autre monde...


Après avoir dit au revoir à mes compagnes de trajet qui avaient réservé chez Nikita, je tends à mon bourriate de driver mon petit papier sur lequel Ana m’avait écrit l’adresse de Serguei en russe. Le bougre ne comprenait pas ce que j’allais faire à l’église à 21h et il m’a bien fallu 5 min pour le convaincre de redémarrer !!! La nuit était déjà tombée lorsque je suis arrivée. L’intérieur de la maison était allumé mais personne ne répondait aussi j’ai avancé vers la mer en direction de l’église toute proche. 

Des petites enceintes postées de part et d’autre de la porte d’entrée diffusaient une douce mélodie religieuse invitant le passant à pousser la porte, ce que je fis. Mon nez fut immédiatement envouté par les effluves d’encens qui enveloppaient le petit hall d’entrée et mes yeux découvraient timidement l’endroit. Des bancs, des foulards, des icônes et des cierges semblaient attendre qu’on les remarque. Je restai à regarder, écouter, sentir ce nouvel endroit quelques minutes puis referma doucement la porte sur ce petit trésor que je n’osai découvrir d’avantage sans rencontrer pour commencer le maitre de ces lieux. Je refis une tentative chez Serguei et frappa plus fort à sa porte. Sa femme vint m’ouvrir et alla appeler Serguei pour m’accueillir. Quelques minutes plus tard je rencontrais enfin ce « sonneur de cloches » accompagné de son  fiston qui m’accueillt chaleureusement. Les couchsurfers hébergés jusqu’à présent avaient tous quitté le nid le jour même aussi je me retrouvai seule dans cette grande pièce tout de bois vêtue ce qui n’était pas pour me déplaire après des jours de cohabitation !

Kouijir by night

l'église de Sergueï



Mais c’était sans compter sur cet hôte d’exception qui après m’avoir apporté la marmite de soupe, me proposa de venir partager quelques verres avec des amis à lui arrivés le soir même d’Irkutsk. 

Igor et Tixon ne parlaient que russe mais grâce à Serguei l’on pu se « raconter »quelques bribes de vies  et rapidement la magie de certaines rencontres d’exception opéra… au bout d’une heure, Sergueï rejoignit sa famille, aussi nous continuâmes notre échange à l’aide de photos, de dessins. J’appris alors que ces deux originaux étaient là pour terminer une des plus importantes peintures murales de l’église et qu’Igor comme Tixon étaient tous deux peintres à Irkutsk. S'en suivi un partage de photos, de peintures. Je tombai instantanément sous le charme des peintures de Tixon et je leur montrai les quelques photos de l’atelier et des peintures de Kats. Quelque peu rompue du voyage je rejoignis ensuite mon cocon de bois afin de passer ma première nuit olkhonienne et les laissèrent en compagnie d’une bonbonne d’un alcool marron qui fait pas semblant de chauffer le gosier!! Z’ont du dormir comme des bébés après !

Sergueï

Le doux tintement des cloches me réveilla le lendemain matin et lorsque je mis le nez à la fenêtre et que je découvris la vue somptueuse sur le lac, je compris pourquoi Sergueï avait tout quitté pour venir « là ». 
Igor, qui toqua à ma porte quelques minutes plus tard, avait ressenti depuis plusieurs années déjà la magie d’Olkhon c’est pourquoi lorsque je lui ai demandé la veille combien de temps ils avaient prévu de rester ici il me répondit « pour toujours ». Nous prîmes un thé ensemble, il sorti puis revint quelques minutes plus tard en répétant un mot « Gribi » que je ne comprenais pas mais qui accompagné de ses gesticulations devint plus clair… il me proposait de les accompagner chercher des champignons ! 

Un carrefour à Kouijir !

S’en suivit une des plus belles journées de mon début de voyage. Sans parler la même langue ces deux fadas m’apprirent ce qui fait l’essence de la société russe : un puissant mélange de vie et de mélancolie, coulé dans un moule de réalisme un peu fou… Grace au 4x4 d’Igor nous avons parcouru les immensités d’Olkhon qu’ils tenaient à me faire découvrir dans ses moindres détails: forêts flamboyantes, plaines arides, mer étincelante et ciel immaculé... Tout cela au rythme d’un groupe russe totalement déjanté, de vodka et d’insanités russes qu’ils se faisaient un devoir de m’apprendre (sans que je les comprenne bien sûr !). Les photos parlent d'elles mêmes !









La suzuki "forester" d'Igor... notre fidèle destrier

"Passer ma vie sur les Routes, nomade tel un vagabond..." HK et les saltimbanks


Ce jour-là nous avons autant mangé que bu mais toujours « à la russe » ;)
Pélémenis (grosses raviolis farcis à la viande, humm !), Oumoul (poisson le plus courant du lac) et concombre en lamelles vinaigrés nous aidaient à enchainer les « shots »de vodka ! Ici c’est comme ça qu’on fait ! La vodka on ne la savoure pas parce que dans la grande majorité des cas (mise à part les très bonnes bouteilles sans doute) ce n’est pas savoureux !Alors on boit tous ensemble, d’un coup en portant un toast et aussitôt le verre reposé, on se dépêche d’ingurgiter quelques bouchées de ce qui se trouve sur la table histoire de faire passer le tout et de pouvoir recommencer ! Pas si dur que ça, même moi j’y arrivais !!


Pour notre dernière balade de la journée, nous avions embarqué Sandy et Julie deux françaises qui étaient arrivées dans la maison couchsurfing en début d’après-midi. Les dernières lumières dorées de cette fin de journée nous accompagnèrent Tixon et moi dans notre escalade du « Rocher du Chamane »… magique !


Julie et Sandy et leurs sublimes carnets de voyages remplis de dessins tous plus beaux les uns que les autres






IGOR ET TIXON

Les totems bourriates à proximité du Rocher du Chamane, haut lieu spirituel de l'île


LE ROCHER !





Avec Tixon aprés l'escalade du Rocher

Pleine d'énergiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiee ;))


Le lendemain c’est accompagnée de mes deux costumières préférées que je parcouru une partie des côtes du Baikal… un lac qui fait des vagues et dont on ne voit pas la fin (faut dire que 636km de long c’est pas rien !)




une des nombreuses carcasses de bateau du port de Kouijir

Ici les voitures ont une vie après la mort ! Sont p'tet sacrées ;)



Sorte d'art moderne nan ?








En rentrant nous découvrîmes de nouveaux compagnons de chambrée : Léa et Gabriel… Encore des français! Qui comme moi ont décidé de parcourir au long cours cette planète (cf leur site : http://leagabriel.en-escale.com/ ). En plein milieu de nulle part, au fin fond de la Sibérie un groupe de 5 français refirent le monde (enfin parlèrent voyages mais c’est kif kif!) un soir d’octobre autour d’une tablée remplie de pélémenis, d’oumoul et vodka ! Si c’est pas beau la vie !! Et comme si cela ne suffisait pas, nous proposâmes aux deux autres clients de notre petite gargotte de se joindre à nous parce que plus on est de fou, plus y’a de pélémenis, c’est bien connu en Russie ;) Elena et Mitsha tous deux russes, nous accompagnèrent volontiers et la valse des toasts commença ! Je dû malheureusement m’arrêter plus rapidement que prévu car nous avions réservé un Bania avec les filles (sorte de sauna) et Elena m’expliqua qu’il était fort déconseillé de s’y rendre trop alcoolisé ! 

de gauche à droite :  Elena (dans le fond), Sandy, Julie, Léa, Gabriel et Mitya


Se lavant difficilement dans la maison couchsurfing qui ne dispose pas de l’eau courante (cf photo) nous étions aux anges à l’idée de nous décrasser dans notre petite bania privée chauffée rien que pour nous. En bonnes touristes que nous sommes nous avions préalablement lu notre guide à la page « bania »et comme celui-ci mentionnait qu’il était d’usage en Russie de se fouetter le corps avec un bouquet de branches préparé à cet effet, nous nous en sommes données à cœur joie en pouffant comme de vraies dindes françaises !  


bah c'est jouable en fait, ca demande juste un peu plus d'organisation qu'avec un robinet et un vrai lavabo !

Le lendemain matin je repris la route en compagnie d’Elena et Mitsha qui la veille au soir m’avaient gentiment proposé de partager le taxi et de m’héberger pour ma nuit à Irkutsk. Sur le chemin du retour Elena me demanda si j’avais aimé le Baikal et si j’avais ressenti son energie particulière. Je ne sais si c’est l’énergie réputée de cet endroit qui a donné cette intensité à toutes ces belles rencontres mais une chose est sûre, le Baikal m’a envouté et ma dernière nuit passée à Irkustk chez Elena ne fut qu’un prolongement de toutes ces journées enchantées…

notre taxi collectif








visite express d'Irkutsk en fin d'aprés-midi en compagnie des deux meilleurs guides : Elena et Mitya
French Pancake Party chez Elena et Toast à la mode Russe inoubliables! L'un d'entre eux "à mon retour sur les rives de ce lac magique"... je reviendrai...
Il est parfois des moments que l’on voudrait voir s’étirer tel la guimauve des fêtes foraines… et rester, rester, rester, rester

Commentaires

  1. Voici ma plus jolie histoire racontée en version longue pour vous embarquer dans mon rêve en ce début d'hiver ! N'hésitez pas à cliquer sur le diaporama (z'avez vu, j'me perfectionne !!) vous pourrez voir ces beaux paysages en grand depuis mon album picasa ! Je vous embrasse bien fort de Corée où je poursuis mon aventure!
    ahn nyung hee ka se yo - 작별 인사

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  2. C'est vrai que ça a l'air vraiment magnifique ! Et overdose de français ! Tu es requinquée pour deux nouveaux mois là !

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  3. Que de merveilleux paysages et des habitants formidables, ça existe encore !!!!! me voici rassurée.
    Merveilleux voyage
    Véronique

    PS - entre temps NOCTIGARE est accrochée sur les grilles de la Gare de l'Est. Je vais à Paris mardi pour le vernissage et ferai des photos pour que tu vois la chose.

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  4. On se laisse bercer par tes récits et envoûtés par toutes ces images. Pas besoin d'un reflex pour nous dépeindre ton voyage. C'est si bien rendu qu'on a l'impression d'y être. Comment vas-tu caser tout ça dans ton "petit" cerveau ?
    Continue c'est magnifique

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  5. A Audrey : ca n'a pas que l'air, fois de Céline ! Après Toronto tu pourra affronter sans problème les -30° de l'hiver sur l'île d'Olkhon, alors le jour où tu as l'temps, fonce cousine !

    A Veronique : Sois rassurée des gens merveilleux il y en a plein le monde, je continuerai de vous les présenter promis ;) Good luck pour ton expo et que les amis qui passent par la Gare de l'Est ou ne sont pas loin y fassent un tour hein ?!! N'attendez pas mon retour pour les plans parisiens car vous allez plus être à la page sinan!!!

    A Anonyme (que je pense avoir démasqué!): Merci et sinan... tu sais c'qui t'dit mon "pti cerveau" ?!! T'inquiète, en "poussant" ca devrait rentrer ;)

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